LES RYOKAN

Les Ryokan
Les auberges traditionnelles japonaises

Séjourner dans un ryokan, c’est s’imprégner d’une tradition vivan-te, d’une expérience culturelle enracinée dans l’histoire locale. Ces auberges traditionnelles offrent bien plusqu’un simple hébergement : elles sont une fenêtre ouverte sur la culture japonaise, une invitation à décou-vrir les saveurs locales, à explorer la région et à se délecter de l’hospitalité si fine et précieuse des Japonais. Que votre odyssée nippone commence. Les services hôteliers japonais comme on les connaît aujour-d’hui, trouvent leurs racines dans l’époque de Heian (794-1185). Durant cette période, les prêtres du Kumano Sanzan (sanctuaires de la péninsule de Kii) se mettent à accueillir des pèlerins. Les pre-mières auberges, nommées ki-chin’yado, sont des lieux simples avec des services rudimentaires. Les voyageurs apportent leur propre nourriture et couchage.
Dans les premières années de l’ère Edo (1603-1868), le gouvernement japonais entame un processus de réhabilitation du réseau routier du pays, alors vieux de plusieurs milliers d’années. Le long de Tōkaidō, la route reliant Edo à Kyoto, les sites touristiques se multiplient grâce au shogun Tokugawa Ieyasu. Durant cette même période, les gens ordinaires prennent plaisir à s’aventurer aux quatre coins de leur pays. Les hatago (auberges traditionnelles) gagnent en popularité, offrant aux voyageurs des lieux abordables pour se reposer et se nourrir. Ces héber-gements constituent la version originale de ce qui deviendra plus tard le ryokan. Ils étaient construits dans les villes étapes le long des routes et étaient utilisés aussi bien par les samouraïs que par les gens ordinaires. Si d’aven-ture, vos pas vous mènent sur la route de Tōkaidō, vous y croiserez l’un des derniers hatago encore debout : Ohashiya. Après 366 années d’activité, les lieux appar-tiennent aujourd’hui à la ville de Tokoyawa et sont ouverts au public. Le hatago a connu un regain d’activité lorsque de nombreuses personnes ont commencé à faire des pèlerinages. Ils consistaient à voyager autour des lieux sacrés d’une certaine région. Les héberge-ments se sont alors mis à employer des meshimori onna et développer le concept « une nuit et deux repas». Puis les services, avec le temps, se sont nettement diversifiés.
Vus de l’extérieur, les ryokan présentent une architecture sobre et élégante, avec des lignes épurées et des matériaux naturels comme le bois, le bambou ou même parfois le papier washi, utilisé dans les portes coulissantes appelées fusuma. À l’intérieur, l’auberge offre une ambiance chaleureuse et accueillante. Les chambres sont épurées et de style japonais. Les sols sont revêtus de tatamis, dont l’odeur naturelle est si singulière. Les murs sont parfois décorés d’estampes ou de calligraphies, ajoutant une touche artistique à l’espace. La disposition des chambres est minimaliste. Les futons, généralement rangés pendant la journée, sont installés à même le sol sur les tatamis.


De nos jours, les ryokan attirent autant les voyageurs de passage que les personnes désireuses de laisser derrière elles – pour quelques jours ou une seule nuit – leur mode de vie trépidant. Dans un ryokan, la qualité du service est un élément qui distingue ces hébergements des hôtels plus classiques. Les visiteurs y sont dorlotés. Lorsqu’on leur montre leur chambre, les clients trouvent généralement une table basse sur laquelle un thé a déjà été préparé. Des petites friandises sont également préparées. En plus de guider les clients jusqu’à leur chambre, le personnel de service installe les futons et sert les repas. Dans de nombreux cas, la gérante du ryokan, appelée okami, joue un rôle important dans le service. Elle est généralement l’épouse du propriétaire ou une femme propriétaire elle-même et porte parfois des tenues japonaises pour servir les clients. Dans les ryokan et les auberges de luxe qui respectent les traditions, une serveuse, ounakai, est chargée de servir les clients dans chaque chambre. Elles sont souvent vêtues de kimonos comme l’okami.
Le choix d’un séjour se base sur trois éléments principaux : l’emplacement du Ryokan, la cuisine et le bain. L’un des aspects distinctifs des ryokan est leur intégration harmonieuse avec la nature environnante. Ces établissements sont souvent nichés dans des paysages à couper le souffle, offrant des vues panoramiques sur des jardins zen, des montagnes majestueuses ou de paisibles rivières. Cette connexion à la nature fait partie intégrante de l’expérience, invitant les visiteurs à s’évader du tumulte de la vie quotidienne. Une cuisine exquise est le second point commun qui unit tous les grands ryokan. Ces hébergements traditionnels japonais sont basés sur le principe du séjour d’une nuit avec deux repas : le dîner et le petit-déjeuner. Le dîner suit généralement le modèle kaiseki à plusieurs services, avec une succession de petits plats (entre sept et douze). Le dernier élément essentiel à un agréable séjour dans un ryokan est le bain. Comme de nombreuses auberges sont situées dans des stations thermales, leur eau riche en minéraux est très prisée. Selon l’hébergement, plusieurs types de bains sont disponibles, du bain extérieur commun jusqu’aux petits bains privés dans les chambres. Envie de devenir propriétaire d’un ryokan ? Si le tourisme florissant assure de belles années aux ryokan encore en activité, leur nombre a cependant beaucoup baissé au cours de ces dernières décennies. Les propriétaires ne trouvant pas de successeurs, ils sont contraints de fermer les établissements les uns après les autres. Toutefois, ils se comptent encore par milliers sur l’archipel. Alors ne manquez pas cette expérience incontournable lorsque vous rendrez visite au pays du soleil levant.
Yaëlle Bougrat







