YABUSAME
Un art légué par l’Histoire
Comme tant d’autres rituels japonais, le yabusame fait partie d’un héritage ancestral. Du temps où les samouraïs avaient encore des raisons de se battre, certains partaient en guerre sur des chevaux. Et avant l’arrivée des armes à feu, la meilleure façon de toucher les adversaires les plus éloignés était encore le tir à l’arc. Cet art militaire demande déjà beaucoup de concentration. Imaginez alors sur un cheval, en plein champ de bataille…
Si les samouraïs ont laissé place à une ère de paix, le tir à l’arc s’est perpétué sous la forme d’un rituel. Aujourd’hui, le yabusame est considéré comme un art martial particulièrement raffiné, et il demande toujours autant de dextérité. En compétition, les archers parcourent plus de 100 mètres en quelques secondes pour décocher 3 flèches. Impossible de garder les rênes en mains pour tirer. Le cavalier et sa monture doivent parfaitement se comprendre.
La victoire dépend du nombre de tirs réussis, du temps d’exécution et de l’élégance des gestes. Bien que son passé soit militaire, le yabusame est bel et bien un spectacle rituel qui entremêle beauté, précision et grâce. À ce titre, il se doit de divertir autant les dieux que les spectateurs.
Au-delà de l’aspect compétitif, le yabusame joue un rôle culturel significatif au Japon. Il est non seulement une fenêtre ouverte sur le passé, mais aussi un moyen d’enseigner des valeurs de respect et d’harmonie. Les archers ne se mesurent pas seulement entre eux. Ils aspirent à se surpasser, à atteindre une forme de perfection qui résonne avec les principes du Bushido, le code des samouraïs.
Les compétitions de yabusame sont souvent organisées lors de festivals traditionnels ou de cérémonies importantes. Historiquement, le yabusame est dominé par les hommes, notamment parce qu’il est étroitement lié au rôle des samouraïs. Mais les lignes bougent. Depuis quelque temps, les japonaises prennent petit à petit leur place parmi les archers. Dans les cercles les plus traditionnels, elles peinent encore à se faire reconnaître. Mais certaines compétitions exclusivement féminines leur permettent d’exprimer tout leur talent.
Célia Ramirez