OKINAWA
Découvrez Okinawa
Là où la vie s’écoule doucement
Okinawa compte un peu plus d’un million d’habitants. 90% se trouvent à Naha, la capitale de la préfecture. Avec son air de ville américaine tout droit sortie des années 70, elle détonne dans le paysage nippon.
Et bien qu’Okinawa attire les visiteurs surtout pour son cadre paradisiaque, cette étape urbaine est incontournable. Sa principale attraction : le marché de Makishi. Témoin de l’omni-présence de la mer, ce marché propose essentiellement du poisson. De toutes les couleurs, de toutes les formes et de tous les goûts, ils se déclinent en différents plats, crus ou cuits, à déguster sur place. Les algues, tel que le raisin de mer, sont aussi très présentes sur les étals. Restons encore un peu dans le thème culinaire pour parler d’une des spécialités de la région : le champuru, un mélange sauté de tofu, de viande (généralement du porc) et de légumes.
Il s’accompagne d’awamori, un alcool traditionnel typique d’Okinawa dont la fabrication nécessite un champignon microscopique appelé kuro kōji. À Naha, un curieux rassemble-ment détient l’un des records inscrit dans le Guinness World Records. Chaque année, plusieurs milliers de personnes se regroupent pour participer au Naha Ôtsuna-hiki : le plus grand tir à la corde du monde ! En octobre 2023, la corde en question faisait 200 mètres.
La réputation d’Okinawa a dépassé les frontières japonaises pour deux raisons principales : son climat et la longévité de ses habitants. Bien des curieux se sont penchés sur le sujet dans l’objectif de percer le secret de la jeunesse éternelle. Ce mystère repose en partie sur la généti-que, mais d’autres facteurs entrent en compte : le régime alimentaire des habitants, la douceur du climat et l’ikigai. Ce dernier point est un concept difficile à concevoir pour des Occidentaux tels que nous, Français.
Grossièrement résumé, l’ikigai est un but. Une raison de se lever le matin, et de continuer de vivre. Et parfois, son application prend la forme… d’un travail, même après l’âge de la retraite ! Portés par un fort esprit com-munautaire et protégés du stress, les corps et les esprits des habitants résistent alors étonnamment bien au temps qui passe. À Ogimi, village connu pour son importante concentra-tion de centenaires, l’un des ikigai les plus courants est le basho-fu, un tissage artisanal qui fait la fierté de la région. Outre cet état d’esprit, le régime alimentaire commun aux Okinawaïens les aide également à rester dans la force de l’âge. Algues, patates douces, poissons, melon amer et autres fruits tropicaux font partis des mets les plus présents dans les assiettes. Un équilibre faible en calories qui, selon les nutritionnistes, réduit les risques d’inflammation et l’oxydation cellulaire, donc le vieillissement.
En France, lorsque l’on parle de climat paradisiaque, le Japon n’est pas la première destination à laquelle on pense. Et pourtant, plages de sable blanc et eaux cristallines sont les paysages typiques d’Okinawa. Le climat subtropical et les fonds coral-liens ont dessiné les îles de la préfecture. À l’instar d’Hawaï, ce coin du Japon est un appel au farniente et aux aventures sub-aquatiques. La température ne descend jamais en dessous de 15° permettant à la végétation de se développer toute l’année. D’ailleurs, l’île principale d’Okinawa comporte la plus grande forêt subtropicale du Japon. Si vous préférez les baignades solitaires aux bains de foule, éloignez-vous des zones les plus touristiques. Là, dans les îles reculées, Okinawa dévoile un tableau quasi immaculé, où les habitants vous feront découvrir le meilleur de leur région (sous réserve de savoir parler un minimum japonais). Les ama-teurs de plongée connaissent l’adresse. Bien que la pollution et le réchauffement climatique remodèlent petit à petit les fonds marins, de nombreuses espèces, petites et très grandes, sont présentes. Les saisons alternent entre le ballet des baleines à bosse dans le parc national des îles Kerama et les allées et venues des tortues qui pondent sur les plages. Au détour des vagues, certains chanceux peuvent aussi tomber nez à nez avec un requin-baleine ou quelques raies Manta.
Okinawa n’a pas toujours été une préfecture japonaise. Avant son annexion en 1879, la région était connue sous le nom de royaume Ryukyu. De par sa situation géographique, le royaume commer-cialisait autant avec la Chine que le Japon.
Et les îles ont hérité de cette double culture. À Naha, le château médiéval de Shuri témoigne de cette ancienne prospérité commerciale. Aux alentours, le jardin royal Shikinaen, la porte de pierre du Sonohyan-utaki et le mausolée Tamaudun font aussi partie des sites historiques incontournables de la ville. Si l’Histoire a légué de superbes monuments à cette préfecture, elle l’a aussi brutalement marqué. Situé au sud de l’île principale, le parc du Mémorial de la paix rend désormais hommage aux victimes de la bataille d’Okinawa. Un musée mémorial et les vestiges bien conservés d’un ancien bunker permettent de se plonger le temps d’une visite dans le passé, plus sombre, de la région. En bien des aspects, Okinawa a de quoi inspirer le monde. Certains n’y verront qu’une destination touristique de rêve. Mais en cherchant plus loin que son cadre idyllique, vous y trouverez une approche différente de la vie.
Yaëlle Bougrat