LA FORGE DU KATANA

La forge du Katana
Le prolongement de l’âme

Tout au long de la longue histoire du Japon, les forgerons japonais ont démontré un savoir-faire de plus en plus raffiné. Ils sont à l’origine des célèbres katanas, sur lesquels ils apposaient leur signature, étape finale de la conception de cette lame courbe, à la fois souple et tranchante. Ces sabres étaient si exceptionnels qu’ils furent convoités par les pays voisins dès la fin du XIIIème siècle. Mais le katana n’est pas simplement une arme : il était le symbole de la classe guerrière, les samouraïs, et était considéré comme le prolongement de l’âme de son possesseur. Il pouvait ainsi être offert en présent à une personne importante, comme offrande aux dieux ou même pour des funérailles.
Le katana se divise en trois parties : la poignée, recouverte d’un cordage pour une meilleure préhension, la garde circulaire, et la lame. Cette dernière nécessite une très grande maîtrise. Pour obtenir un produit de qualité, il faut tout d’abord un acier particulier, le tamahagane, conçu à base de sable ferrugineux. Ce matériau atteint sa forme idéale en trois jours, dans un fourneau chauffé au charbon de bois, le tatara. La teneur en carbone étant inégale, l’acier est tantôt souple, tantôt cassant. Pour un katana durable et tranchant, ces deux caractéristiques sont indispensables.


Pour les combiner, il faut les vider de leurs impuretés en les portant à très haute température. Puis, le métal rougeoyant est aplati et replié sur lui-même plus d’une dizaine de fois. On les assemble alors, en gardant la partie dure de l’acier pour le tranchant de la lame, et la partie souple pour le dos. Lorsque toutes ces étapes sont réussies, le forgeron peut apposer sa marque (hamon) : il dépose une pâte d’argile avec un motif particulier sur la lame, la chauffe, puis la plonge dans l’eau, figeant ainsi la ligne de trempe qui permet d’identifier le créateur de n’importe quel katana, comme ceux du légendaire Masamune. Aujourd’hui, rares sont les forgerons maîtrisant cet art à la perfection. Nathan Florent