LE THEÂTRE NÔ
Le théâtre Nô est l’une des plus anciennes formes vivantes de théâtre au monde, les acteurs jouent des drames lyriques au style dépouillé
Le Nô est un des arts théâtraux les plus anciens au monde : ses racines remonteraient au VIIe siècle. Art enregistré au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 2008. Le pays compte aujourd’hui près de 70 théâtres et environ un millier d’acteurs professionnels. Le Nô se concentre sur la finesse et la suggestion, les chants sont lyriques et ponctués de danses et de déclamations. Le Nô actuel a été formalisé vers la fin du XIVe siècle, mais il puise ses origines dans les rituels shintos sacrés et les danses traditionnelles paysannes du VIIe siècle appelées « Kagura » qui permettaient de s’assurer la bienveillance des divinités et de bonnes récoltes. Au fil du temps et de la montée de la prépondérance du bouddhisme, ces danses perdirent leur prestige, les codes changèrent et l’art fut transformé puis renommé en « Sangaku ».
C’est pendant l’époque de Muromachi (1336-1573) que l’art du Nô prend sa forme définitive. Sous l’autorité du shogun Ashikaga Yoshimitsu, Zeami (1363-1443) établit les règles du Nô sur la base du Sangaku mais en en modifiant totalement la forme. Il décide de s’inspirer directement du Zen, écrit de nouveaux textes et fait des règles plus strictes. Zéami transforme un art populaire en un art raffiné destiné à l’élite japonaise.
La scène du théâtre Nô s’étend sur environ 6 mètres de côté, et est surplombée d’un toit traditionnel Shintô, soutenu par 5 piliers de bois. Un couloir ouvert de bois laqué relie la scène aux coulisses. Un rideau tendu sur une partie de ce couloir, permet l’apparition feutrée des acteurs sur scène. La décoration du fond est souvent une représentation simple d’un pin Japonais (Matsu). Au fond de la scène se trouvent les quatre musiciens : la flûte, deux tambours moyens et un grand tambour. Les Choeurs se placent, à droite de la scène. Les masques, Haut de 20 cm environ, sont sculptés dans un bois de cyprès. Les yeux sont d’étroites ouvertures, rendant difficile la vision de l’acteur. Employés depuis l’époque Jômon, ils se sont répandus dans l’ensemble des fêtes populaires Shintô à l’époque Kamakura. C’est probablement dans ces traditions qu’il faut trouver les origines des masques du Théâtre Nô de l’époque Muromachi. Il existe quatre familles de masque : hommes âgés, femmes, hommes et démons. Chacune de ces catégories comprend elle-même 4 ou 5 variantes différentes permettant de représenter la quasi-totalité du répertoire du Nô. Il est à noter que traditionnellement, seul le personnage principal de la représentation porte un masque. Le théâtre Nô est nettement stylisé et s’inscrit dans une tradition qui cherche plus à faire valoir le caractère du beau et de la vérité qu’une véritable intrigue. L’objectif est de développer des émotions et des atmosphères particulières. Le Nô se rapproche d’une série de tableaux en mouvement, où se mêlent simplicité et raffinement.